Actions et comportements entre la personne candidate et les personnes en charge du processus de recrutement
1.1
Analyser la compatibilité des postes mis au concours avec des formes de travail flexible
Plusieurs études ont montré que les formes de travail flexible ci-dessus n’ont pas d’impact négatif sur la productivité au travail (voir par exemple le dossier des Professeurs Yves Emery et Beat Uebelhart : « Efficience et responsabilité sociale. Allier Work-Life Balance, productivité et qualité. » Dossier HRM n° 27. 2012). Au contraire, permettant de faciliter la conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle, ces formes de travail flexible ont un impact positif sur la motivation et la qualité de vie au travail, augmentant de ce fait l’engagement des personnes concernées envers leur travail et la qualité des prestations fournies.
Manuel PME travail et famille : publié par le SECO, ce manuel s’adresse aux petites et moyennes entreprises du privé ; cependant beaucoup d’informations peuvent s’appliquer aux organismes publics. Voir par exemple le chapitre « Instruments de travail » comprenant des fiches Support avec des modèles d’analyse des tâches et d’analyse de postes pour déterminer la pertinence et la faisabilité d’un partage de poste ou de sa conversion en un poste à temps partiel.
Work Smart: Work Smart est une initiative interentreprise qui s'est fixé pour objectif de soutenir activement les formes de travail flexibles.
Télétravail : davantage d’efficacité grâce à des formes de travail modernes : l’organisation economiesuisse a publié une étude recommandant l’instauration d’au moins un jour de télétravail par semaine. De nombreuses entreprises et organisations y sont favorables car le télétravail comporte de nombreux bénéfices tels qu’une performance accrue du personnel moins dérangé chez lui par les collègues et plus motivé, la réduction des coûts par poste engendrée par le partage de bureau (« desk sharing »), une diminution du taux de rotation du personnel et des coûts liés aux trajets.
1.2
Définir les profils des candidat-e-s, les descriptions de poste et les cahiers des charges en s’assurant que les critères souhaités ne discriminent ni les femmes ni les hommes
Pour un poste dit plutôt « féminin » (par ex : réceptionniste), éviter d’utiliser des éléments comme « faire preuve d’empathie », « être à l’écoute des autres » mais utiliser plutôt des éléments comme « sens de la collaboration », « capacité à travailler en équipe », « orienté-e service et satisfaction client-e-s ».
Pour un poste dit plutôt « masculin » (par ex : contremaître), éviter d’utiliser des éléments comme « doté d’une personnalité affirmée », « savoir s’imposer et faire preuve d’assurance » mais utiliser plutôt des éléments comme « aptitudes de leadership et d’encadrement recherchées ».
L’outil MPA (Master Person Analysis) permet d’objectiver les aptitudes attendues pour un poste de travail particulier et les aptitudes identifiées chez les candidat-e-s.
L'Université de Lausanne propose une boite à outils et une brochure pour rendre les processus de recrutement égalitaires.
1.3
Rédiger des offres d’emploi attractives en termes de conciliation vie professionnelle / vie personnelle
« Nous offrons des conditions de travail modernes et favorables à la famille, avec des modèles d'horaires de travail flexibles ainsi que des perspectives de développement professionnel intéressantes », phrase tirée d’une offre d’emploi de l’OFCOM (Office fédéral de la communication).
! Attention à ne pas définir un profil de poste ou une offre d’emploi renforçant les stéréotypes sur les femmes et les hommes en mettant particulièrement l’accent sur la conciliation travail-famille pour les postes dit plutôt « féminins ».
1.4
Rédiger des offres d’emploi de manière égalitaire
Conseils de base pour utiliser un langage égalitaire dans les offres d’emploi :
Le Bureau de l'égalité du canton de Vaud propose des informations et exemples pour faciliter la rédaction égalitaire des textes, notamment une liste alphabétique de 2000 noms de métiers, professions, fonctions, titres et autres activités au féminin et au masculin.
Écrire les genres, guide romand d’aide à la rédaction administrative et législative épicène : rédigé par les Bureaux de l’égalité romands, ce guide a pour but de faciliter la rédaction aux usager-ère-s.
1.5
Lors de la sélection des dossiers de candidature et/ou des entretiens d’embauche, créer des équipes mixtes
Un comité d’embauche non mixte se forge inconsciemment un profil de candidat-e idéal-e selon ses attentes, sa vision du poste, ses habitudes d’engagement. Sa représentation mentale de la personne idéale à engager (plutôt une femme ou plutôt un homme) pèse sur ses décisions de sélection et peut amener à discriminer les candidat-e-s ne correspondant pas au profil idéal imaginé.
Un comité d’embauche mixte permet de diversifier les représentations de la personne idéale à engager, de favoriser une combinaison des points de vue et d’ouvrir la discussion sur les raisons qui pourraient faire pencher la balance en faveur d’un-e candidat-e.
Les femmes dans des fonctions dirigeantes : les clés de la réussite : cette brochure du SECO décrit plusieurs bonnes pratiques menées dans diverses entreprises et PME établies en Suisse pour rendre leurs processus plus égalitaires, notamment l’implémentation d’équipes mixtes dans le processus de recrutement.
1.6
Lors de la sélection des dossiers de candidature et des entretiens d’embauche, reconnaître les compétences acquises hors de la sphère professionnelle
Les compétences transversales n’ont généralement pas de rapport direct avec un domaine professionnel spécifique et représentent des qualifications générales nécessaires à l’exécution de tâches dans diverses fonctions et contextes professionnels, comme : aptitude à travailler en équipe, aptitude à communiquer, résistance au stress, souplesse, capacité d’organisation, aptitude à prendre des décisions.
Reconnaître et valoriser les compétences d’une femme ou d’un homme acquises dans le cadre de l'éducation de ses enfants, dans le cadre d’une fonction de trésorier-ère d’une association, de président-e d’un club sportif.
1.7
Examiner les dossiers de candidature et mener les entretiens d’embauche selon des critères qui ne discriminent ni les femmes ni les hommes
Lors d’une discussion sur la sélection des dossiers et des candidat-e-s, d’une réunion sur la procédure de recrutement ou d’une formation continue sur le recrutement :
Durant le processus de sélection, il existe un risque de catégoriser un métier, un poste ou une fonction sur la base du sexe en rapport avec les images et stéréotypes véhiculés dans la société : par exemple associer plus spontanément une femme à un métier d’éducateur-trice de la petite enfance ou d’assistant-e administratif-ve et un homme à un métier d’horticulteur-trice ou de responsable informatique. Des aptitudes communément attribuées à l’un ou l’autre sexe pourraient être considérées comme nécessaires au succès du poste et des activités qui en découlent. Des attentes différenciées pourraient être développées, par les personnes participant au processus, selon le sexe et le physique des candidat-e-s. Le recrutement serait alors effectué en partie sur la base de stéréotypes de compétences sexuées et de l'apparence physique au détriment des compétences réelles des candidat-e-s.
Lors des entretiens sur le terrain réalisés dans le cadre du développement de l’outil PRO-ÉGALITÉ, plusieurs femmes ont mentionné avoir davantage de difficultés à s’affirmer et vendre leurs compétences professionnelles durant un entretien d’embauche, de même qu’à négocier leurs conditions de travail et leur salaire. Des études ont également porté sur cette tendance (voir par exemple Cornet, A. et al. 2008 « GRH et genre. Les défis de l’égalité hommes-femmes. » ; en particulier les chapitres 5 et 6).
Notre ancien chef des ressources humaines disait : On est des êtres humains quand on recrute et c’est un métier d’apprendre à ne pas se laisser influencer par l’apparence physique.